Passer au contenu principal

« Avancez par en arrière svp »

La liste s’allonge inlassablement. Les grosses têtes continuent de tomber. Dans le sillage de l’ouragan Harvey Weinstein, on a vu des gros noms s’effondrer, tombés un à un comme des mouches: Eric Salvail, Gilbert Rozon, Kevin Spacey, Terry Richardson, Al Franken, Louis C.K., Charlie Rose, Matt Lauer, Dustin Hoffman, James Levine, pour ne nommer que ceux-là, et, plus récemment, à la fin de l’année 2017, le piètre chef d’orchestre Charles Dutoît.

Et ça continue. (Bonne année 2018).

Deux cadres « supérieurs » de la compagnie Vice ont été suspendus, un directeur de théâtre de Toronto fait face à des allégations d’agression sexuelle et de harcèlement, et le directeur du New York City Ballet, Peter Martins, a annoncé « sa retraite » suite à des allégations d’inconduite sexuelle, après des décennies d’impunité et un conseil d’administration qui préférait détourner le regard.

Et ma boule de cristal 2018 me dit que le grand ménage est loin d’être terminé. Comme disait le chauffeur d'autobus l'autre jour durant l'heure de pointe :
« Avancez par en arrière siouplaît ! » Car oui, il y en aura d’autres, peut-être même plusieurs; ils viendront à point nommé.

Forcément, ce n’est là que la pointe de l’iceberg puisqu'il s'agit ici, cela va sans dire, des hommes connus, des directeurs et des dirigeants de toutes sortes, reconnus, voire célébrés au sein de leur industrie respective. Maintenant, il faut imaginer le nombre d’autobus qu’on remplirait avec tous les abuseurs, agresseurs et intimidateurs dont on n'entend pas parler, qui ne font pas les manchettes. Ou encore, tous ceux qui ont fait signer à leurs victimes des ententes à l’amiante... euh, j’veux dire à l’amiable, des documents légaux de non-divulgation d’actes illégaux… « Quoi?! » C’est ce que je disais, des documents toxiques. Cette pratique elle-même devrait être illégale. Bref, il y aurait certainement de quoi remplir plusieurs autobus Voyageur - direction prison siouplaît.

Plus important encore, combien d'autobus remplirait-on si l’on accompagnait toutes les femmes agressées, harcelées et victimes d'abus, qu’elles aient dénoncé ou non leurs agresseurs?

Avancez par en arrière, mesdames, on ne rentre pas tout de suite à la maison. Destination? Le pouvoir.

Messages les plus consultés de ce blogue

Mobilité vs mobilisation

On aime parler de mobilité depuis quelques années. Ce mot est sur toutes les lèvres. C’est le nouveau terme à la mode. Tout le monde désire être mobile, se mouvoir, se déplacer, dans son espace intime autant que possible, c’est-à-dire seul dans son char, ou encore dans sa bulle hermétique dans les transports collectifs, avec ses écouteurs sur la tête, sa tablette, son livre, son cell, des gadgets, alouette. On veut tous être mobile, être libre, parcourir le monde, voyager, se déplacer comme bon nous semble. On aime tellement l’idée de la mobilité depuis quelque temps, qu’on a même, à Montréal, la mairesse de la mobilité, Valérie Plante. On affectionne également les voitures, les annonces de chars, de gros camions Ford et les autres - vous savez, celles avec des voix masculines bien viriles en background - qui nous promettent de belles escapades hors de la ville, voire la liberté absolue, l’évasion somme toute, loin de nos prisons individuelles. Dans l’une de ces trop nombre

Je me souviens... de Ludmilla Chiriaeff

(photo: Harry Palmer) La compagnie de danse classique, les Grands Ballets canadiens, a été fondée par une femme exceptionnelle qui a grandement contribué à la culture québécoise, Ludmilla Chiriaeff (1924-1996), surnommée Madame. Rien de moins. Femme, immigrante, visionnaire Née en 1924 de parents russes à Riga, en Lettonie indépendante, Ludmilla Otsup-Grony quitte l’Allemagne en 1946 pour s’installer en Suisse, où elle fonde Les Ballets du Théâtre des Arts à Genève et épouse l’artiste Alexis Chiriaeff. En janvier 1952, enceinte de huit mois, elle s’installe à Montréal avec son mari et leurs deux enfants – elle en aura deux autres dans sa nouvelle patrie. Mère, danseuse, chorégraphe, enseignante, femme de tête et d’action, les deux pieds fermement ancrés dans cette terre d’accueil qu’elle adopte sur-le-champ, Ludmilla Chiriaeff est particulièrement déterminée à mettre en mouvement sa vision et développer par là même la danse professionnelle au Québec : « Elle portait en

Pour en finir avec Cendrillon

Il existe de nombreuses versions de « Cendrillon, ou, la Petite Pantoufle de verre », comme Aschenputtel,  ou encore « Chatte des cendres »... passons. Mais celle connue en Amérique, voire dans tous les pays américanisés, et donc édulcorée à la Walt Disney, est inspirée du conte de Charles Perrault (1628-1703), tradition orale jetée sur papier à la fin du 17 e  siècle. D'ores et déjà, ça commence mal. En 2015, les studios Walt Disney ont d'ailleurs repris leur grand succès du film d'animation de 1950, en présentant  Cinderella  en chair et en os, film fantastique (voire romantico-fantasmagorique) réalisé par Kenneth Branagh, avec l'excellente Cate Blanchett dans le rôle de la marâtre, Madame Trémaine ( "très" main , en anglais), généralement vêtue d'un vert incisif l'enveloppant d'une cruelle jalousie, Lily James, interprétant Ella (elle) dit Cendrillon (car Ella dort dans les cendres, d'où le mesquin surnom), Richard Madden, appelé Kit